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Ecole pour tous ?: Des politiques éducatives

Dans le domaine de l’aide au développement, Pollen Education travaille àidentifier les grandes orientations et tendances des politiques internationales dans la prise en charge de l’éducation et la mise en oeuvre par les gouvernements, les Ongs, les bailleurs de fonds.

Pollen Education est membre de plusieurs groupes de travail et de réseaux, au Nord comme dans les pays ACP spécialisés dans l’approche et l’analyse sectorielles, le matériel didactique et scolaire, la formation des enseignants,... Ces groupes de réflexion et de lobbying sont les lieux où Nous tentons également de promouvoir le droit àl’éducation et le renforcement de sa qualité.

Qui décide aujourd’hui des contenus, des manières d’apprendre, du financement des écoles ? Le voile àl’école, est-ce la fin de la laïcité ? Les écoles coraniques des pays musulmans sont-elles de vraies écoles ? L’e-learning est-il la solution miracle aux apprentissages ? Qu’est ce que l’AGCS ? ...autant de questions qui sont autant de défis lancés aux personnes qui travaillent pour et dans l’école. Mais qui aujourd’hui connaît le sens et le contenu de ce qu’il y a derrière tous ces problèmes de société ?

Les réformes de l’enseignement

Les décideurs dans le secteur de l’éducation ne sont pas tellement nombreux : la Banque Mondiale et l’OCDE et les Etats membres qui composent ces instances définissent des stratégies qui ont tendance às’uniformiser (on appelle cela la cohérence). Ce sont donc des institutions financières et économiques qui définissent aujourd’hui le contenu des réformes de l’école et de la formation. Le pouvoir politique passe-t’il encore devant le pouvoir économique ?

Les Nations Unies et la Banque Mondiale ont défini il y a quelques années l’objectif de l’Education Pour Tous, programme non atteint en 2000 et repoussé en 2015. Mais la croissance démographique joue contre eux : alors, pour le réussir, des initiatives multiples sont prises : on ouvre des Forums pour les investisseurs privés (subventionnés par la Banque Mondiale), on décentralise l’éducation en reportant les coà»ts sur les populations (pauvres ou riches), on lance des programmes spécifiques comme la « Fast Track Initiative  » de la Banque Mondiale destinée aux pays les plus en retard...dans la perspective de cet objectif EPT.

Mais les statistiques - quand elles ne sont pas manipulées - ne poussent pas àl’optimisme : 130 millions d’enfants de moins de 12 ans ne vont pas àl’école ; 130 millions de futurs adultes analphabètes ayant comme seule force celle de leur travail pour survivre dans un monde qui demande àchacun d’être avant toute chose capable de s’adapter : on fabrique donc un monde àdeux vitesses.

Dans les pays en développement, les écoles « privées  » sont de plus en plus nombreuses, ainsi que les écoles coraniques dans les pays musulmans ; elles s’appuient sur la réputation de mauvaise qualité de l’école publique. Les dérives y sont nombreuses : on privilégie la sélectivité pour conserver le niveau de qualité, on réduit le nombre d’élèves par classe - ce que réclament les enseignants européens -, et donc l’accès au plus grand nombre. On favorise l’émergence et la multiplication d’écoles parallèles aux écoles publiques, souvent mieux soutenues financièrement, car soutenues de l’extérieur du pays.

L’école privée n’est pas un mal en soi : elle permet d’introduire les notions de concurrence - souvent propices àl’innovation -, d’efficacité et de performance. Mais le risque majeur est qu’elle fasse également rentrer les notions de compétitivité, sélectivité, rentabilité, de profit au coeur de l’éducation, notions qui doivent rester propres aux marchandises.

Dans les pays en développement, on pousse les gouvernements àdécentraliser leur système éducatif : les gens doivent être responsables de leur école, mais cela signifie aussi que même les plus pauvres doivent payer pour la construire, l’entretenir, parfois payer les professeurs, les cahiers, les livres,... Pollen agit pour que les populations travaillent avec le gouvernement afin que celui-ci pallie les différences économiques et sociales. Nos projets viennent renforcer l’ouverture de l’école àson environnement, et nos partenaires peuvent être la communauté rurale, les autorités éducatives, les associations locales en charge de l’alphabétisation,...

Au niveau européen (Communauté Européenne) et international, actuellement ce sont l’enseignement àdistance, l’e-learning, l’introduction des Nouvelles Technologies de l’Information (TIC) àl’école qui ont le vent en poupe et sont soutenus. Pour Pollen, tout cela doit venir renforcer une éducation de base qui comprend apprentissage au raisonnement, développement de la capacité de jugement, et non venir s’y substituer, ce qui est le cas dans beaucoup de régions du monde. Pollen travaille dans le sens d’une perméabilité de l’éducation àla science et la technologie : l’esprit scientifique doit se construire sans se mouler dans une uniformité, se modéliser au risque de gommer toute inventivité et curiosité.

Le financement de l’enseignement

Qui doit payer pour l’école ? L’Etat ? les entreprises ? les populations ? Les Objectifs du Millénaire qui font de l’éducation une priorité peuvent-ils être atteints avec les dépenses actuelles ?

Les dépenses en matière d’éducation viennent normalement majoritairement de l’Etat. Mais peu de pays ACP lèvent des impôts qui permettraient d’assurer l’accès àl’école. Ils doivent donc être aidés en attendant que leur économie leur permettre de faire face àde telles dépenses.

Ces pays jugés trop pauvres détiennent souvent les matières premières et les ressources naturelles qui intéressent nos multinationales et nos économies. Mais ils ne décident pas vraiment de leurs politiques : de plus en plus, la Banque Mondiale, l’Union européenne, le Fond Monétaire International leur demandent globalement de réduire leurs dépenses dans l’éducation ; les aides favorisent plutôt la croissance économique et l’ouverture aux marchés mondiaux du commerce ; mais sans les préalables nécessaires que sont la santé et l’éducation publiques, comment un pays peut-il se développer ?

L’Union européenne dépense 6% seulement de son budget extérieur pour l’éducation vers les pays en développement. Ce secteur est pourtant jugé prioritaire et annoncé comme tel dans les déclarations politiques.

Le coà»t de l’éducation ne doit plus être vu comme un gouffre sans fond : les réformes éducatives poussées par les instances financières tendent surtout àrationaliser les dépenses(c’est àdire dépenser moins), mais sans réèl travail de réforme sur la qualité au coeur de la fonction publique de ces Etats jugés souvent comme de mauvais gestionnaires.

Pour Pollen, la question n’est pas le montant des dépenses, mais la manière dont cet argent va être dépensé et pour quelle type de politique. La question demeure lancinante : et la qualité et quelle définition de la qualité ?